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MONUMENT des QUATRE VENTS

 

 

RD 434 lieu dit "Les Quatre Vents"

88220 DOUNOUX

 

 

26/12/1940
Récit extrait du carnet du Sergent-Chef F. GODARD du 55ème B.M.M. (Breton)
Prêtre aumônier actuel du camp de Courcy EPINAL Stalag 121/6

 

        "M. Jean HOLZER a été tué à Dounoux dans les circonstances suivantes :

 

Le mercredi 19 juin 1940 vers 8 heures du matin, 6 voitures légères d’ambulances allemandes se présentaient, venant de XERTIGNY sur la route de Bains-Les-Bains à Epinal, et se trouvaient arrêtées par un barrage installé sur cette route par un groupe de soldats du 55ème B.M.M. Dans ce groupe, la plupart des hommes de la Compagnie Train Automobile 23°, se trouvait Jean HOLZER. Les Allemands descendirent de voiture et se mirent en état de vouloir enlever le barrage, ce que voyant, l’ordre de tirer fut donné.

 

Les Allemands remontèrent en voiture et, en vitesse, rebroussèrent chemin. Une des ambulances, en tournant sur la route, se jeta dans le fossé et s’immobilisa ; les deux Allemands qui s’y trouvaient alors sortirent munis de leurs armes et s’enfuirent dans le bois voisin où ils furent faits prisonniers peu après.

 

Pendant ce temps, les autres ambulances s’étaient éloignées et lorsqu’elles furent hors de portée de feu s’arrêtèrent. Les Allemands descendirent et se réfugièrent alors dans une maison isolée qui se trouvait là. Ce que voyant, l’Officier français qui commandait le groupe français, le Lieutenant de Bronac, prêtre et aumônier du 55ème B.M.M., partit avec deux hommes pour explorer les abords et la maison elle-même. Arrivé devant, le Lieutenant tira une rafale de fusil mitrailleur, rien ne répondit. S’approchant encore, il lança à l’intérieur une grenade, puis pénétra avec les deux hommes dans la maison. Vingt-deux Allemands s’y trouvaient, armés tous d’un revolver, bien qu’infirmiers.

 

Le Lieutenant de Bronac envoya alors un de ses hommes chercher du renfort afin de ramener ces prisonniers. Sept Français revinrent, parmi lesquels Jean HOLZER. Ils s’apprêtaient à ramener les vingt-deux allemands prisonniers lorsque malheureusement, au même moment, survinrent plusieurs auto mitrailleuses allemandes.
En quelques minutes, la situation fut inversée et ce fut le tour aux dix français de devenir prisonniers des allemands.

 

Ces derniers parlèrent entre eux. Notre Officier français qui savait l’allemand expliqua de son côté ce qui s’était passé. Malheureusement, parmi les Allemands, il y avait deux tués…
Nos camarades comprirent alors que leur situation était grave. Le Lieutenant de Bronac parlementa à nouveau avec l’Officier allemand, se montrant très brave, il revendiqua toute la responsabilité et essaya au moins de sauver les neuf soldats qui se trouvaient avec lui. En vain…

 

On les fit marcher alors sur la route, puis descendre dans un petit ravin. Comprenant qu’il n’y avait plus rien à faire, notre Officier dit à ses hommes : « en tant que prêtre, il ne me reste plus qu’une chose à faire, vous donner l’absolution ». Puis aussitôt après il leur dit : « Sauvez-vous ! » et tous se mirent en fuite.
Les Allemands tirèrent avec leurs mitraillettes, neuf Français tombèrent dont Jean HOLZER… un seul, blessé seulement, réussit à gagner un champ de blé et à s’échapper. Un seul ? Non ! car parmi les 9 qui étaient tombés sous la rafale, un autre n’avait reçu aucune balle, mais tomba exprès et fit le mort. Quelques minutes après, comme les Allemands donnèrent une nouvelle rafale de mitraillettes sur les cadavres, il ne reçut que quelques balles dans le bras et pour la 2ème fois échappa miraculeusement à la mort. Sur les 10, deux seulement furent sauvés.

 

Ce sont eux, qui, revenus et faits prisonniers ensuite avec leurs camardes du 55ème B.M.M. ont raconté ces faits.
Tout ceci s’était déroulé à côté du village de Dounoux et c’est à ce même village que, sur le bord de la route, ils furent tous les huit enterrés.
Voilà tous les détails que je puis fournir à la mémoire de ces camarades morts au Champ d’Honneur.

 

"Que le bon Dieu ait accepté leur sacrifice…"

 

 Sergent Chef F. GODARD du 55ème B.M.M. (Breton)

 

 

     Un monument a été érigé à l'endroit même où les corps de ces soldats morts pour la France ont été initialement inhumés. Les corps ont été exhumés en 1951 pour rejoindre le carré militaire créé dans le cimetière communal de Dounoux. Ils reposent désormais sous une pierre tombale de granit posée en 1963.